Lanzarote, Puerto Calero le 6 octobre
Après treize jours de mer, j'arrive
enfin aux Canaries, 10 bateaux sont
devant moi, le premier est à 24 heures, mais la deuxième
étape s'annonce
très longue
Je vous propose de revenir sur mes treize jours de courses, mes
premiers
vrais jours de navigation en course au large.
Samedi 22 septembre, le départ est
donné, devant une foule de bateaux, le mal de ventre s'estompe
vite, au coup de canon salvateur. 60 bateaux déboulent alors
vers la première bouée, à ce moment je suis
en tête pour encore quelques heures, les zodiacs s'éloignent,
c'est parti pour une descente sous spi vers le cap Finisterre, tout
schuss, avec 30 35 nuds de vent annoncés.
La nuit tombe et le vent monte, le premier
vrac sous spi, me fait déchirer le grand spi, affalage ;
envoi du petit et c'est reparti, ça fume de partout, le bateau
part en surf à plus de quinze nuds, c'est l'ivresse
complète, ça tape, ça rince, au moment où
je me dis qu'il faudrait réeduire la grand voile pour éviter
de trop enfourner, je pars à l'abattée, couchant la
tête de mât dans l'eau, moi accroché aux filières,
avec le spi qui bat dans tous les sens, le mât qui vibre
bilan
: un deuxième spi déchiré, un anneau de tangon
tordu, une écoute de spi brulée, il est temps de calmer
le jeu.
Le doute s'empare alors de moi, en même
temps que le mal de mer ( qui durera trois jours), dois-je continuer
à spier ( d "abord le réparer), où gérer
la course en évitant de casser du matériel. La fatigue
de la semaine de préparation se fait sentir. A ce moment
précis,ma décision de dormir et continuer sous grand
voile seule me fait perdre plus de cinq heures sur les autres concurents.
Au petit matin, quand je renvoie mon spi, il est déjà
trop tard, le mal est fait
J'enrage contre ma mauvaise appréhension
de la course. A partir de là se seront huit jours de course
en solo, sans aucun contact radio, ni aucune position des autres
concurents. Je prends alors la mesure de ce qu'est réellement
cette course au large que l'on dit mythique. Ces huit jours de course
furent un vrai bonheur, me sentant en osmose complète avec
mon bateau et l'océan.
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Chaque moment de mer était intense,
malgré le sale temps, où pendant deux jours j'ai naviguer
en combinaison de survie, avec une nuit apocalyptique, des éclairs
de partout, une maer tantot deferlante, tantot applatie par la force
des grains. 8 jours de course en solitaire dans le plus pur esprit
mini (un homme, un bateau, l'océan). 8 jours où j'étais
à fond, m'étant décalé dans l'ouest
pour essayer de récupérer des vents favorables avant
les autres, que je supposais être sur la route directe. J'y
croyais telement à cette option que je pensait revenir sur
les premiers, malheureusement une bulle anticyclonique me barrait
la route et au 9ème jour sonna le glas à l'annonce
du bulletin RFI où j'accusais un retard de 50 miles sur les
premiers. Le désarroi s'empare alors de moi, la pétole
s'installe, je me crois bon dernier. Il ne me reste plus qu'a faire
la route directe en m'appliquant pour garder la motivation en vue
de la 2eme étape.
L'arrivée de nuit sur l'ile se fait
ds des petits airs usant pour les nerfs, la fatigue gagne et il
m'arrive plusieurs nuit d'être en conversation avec des gens
sur le bateau, ou d'entendre des flash infos en permanence
Sur la ligne d'arrivée, Erwan m'attend. Je suis désolé
pour lui d'arrivé aussi mal classé, désolé
pour tous ceux qui ont cru en moi. J'apprends finalement que je
suis 11ème, que mon coup dzans l'ouest à payer et
que le 5èmes est à moins de 10 heures
la joie
revient.
Cette étape fût mon plus beau moment de mer, mon
plus intense mais la disparition d'un concurrent, Roberto
Varinelli, avec qui j'avais échangés quelques
mots avant le départ ma laisse un goût amer et rend
futile toute course au podium. Marin confirmé, c'était
sa deuxième mini, la mer est injuste et vous prend la vie
sans prévenir. Chaque moment sur l'eau réclame la
plus grande vigilance et la navigation en solitaire est risquée.
Nous partions soit disant avec des balises de détresse permettant
une sécurité accrue, un navire des affaires maritimes
nous escortait et pourtant, quand les secours ont embarqué
sur le voilier à la dérive, cela faisait quatre jours
que le livre de bord n'était pluys rempli
Défaillance
du système de sécurité ? On ne peut pas être
sous caméra 24/24h mais le progrès technique doit
faire en sorte d'améliorer les positionnements et alerter
des routes douteuses des bateaux sans marins à bord
Ciao
Roberto !
A bientôt
Armel
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